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Une carrière au sein de l’État québécois : la vision de Simon Jolin-Barrette

Rédacteur : Médérick Simard

C’est avec enthousiasme que le journal L’Obiter vous présente, en collaboration avec le ministère de la Justice du Québec, un accès inédit à l’actuel ministre de la Justice et procureur général du Québec, Me Simon Jolin-Barrette. L’équipe de rédaction a eu l’immense privilège de s’entretenir avec lui afin de discuter de sa pratique et d’en apprendre un peu plus sur les carrières juridiques offertes par le ministère.

 

Ce partenariat représente pour Me Jolin-Barrette une occasion spéciale de renouer avec la Faculté, laquelle lui a permis de faire ses premiers pas dans le monde juridique et de, par le fait même, s’adresser à ceux et celles qui prennent aujourd’hui place dans la chaise qu’il a jadis occupée dans nos salles de classe. Détenteur d’un baccalauréat en droit, d’un diplôme de deuxième cycle en common law et droit transnational (Juris Doctor) ainsi que d’une maîtrise en droit de notre Université, il garde de bons souvenirs de ses années passées dans la région sherbrookoise. Il connaît d’ailleurs bien le journal L’Obiter, ayant écrit quelques articles dans celui-ci lors de son passage entre les murs de la Faculté.

 

Élu pour la première fois à l’Assemblée nationale en 2014, il a pu occuper diverses fonctions au sein du caucus caquiste avant d’être finalement nommé ministre de la Justice le 22 juin 2020, poste qu’il occupe encore à ce jour.

Un nouveau venu dans la Course aux stages

 

Depuis 2022, la Course aux stages compte sur l’ajout d’un nouveau joueur de taille grâce à la participation du ministère de la Justice. Cette venue n’est pas due au hasard et provient directement d’une demande de Me Jolin-Barrette.

 

Les motivations du ministre relatives à cette requête étaient nombreuses. Sa volonté principale était toutefois de faire connaître aux étudiants et étudiantes l’étendue et la nature des carrières offertes par le ministère plus tôt dans leur cursus. Il faut à cet effet comprendre que le ministère offrait tout de même des stages avant 2022. Le recrutement se faisait cependant plus tard, pendant l’École du Barreau.

 

Me Jolin-Barrette se réjouit des résultats découlant de la participation du ministère à la Course aux stages jusqu’à présent. Depuis 2022, plusieurs étudiants et étudiantes ont eu la chance de se voir attribuer un stage au sein de l’organisation. Du lot, une bonne partie ont d’ailleurs eu l’opportunité d’y débuter leur carrière professionnelle.

À ce jour, ce sont plus précisément 10 personnes issues du nouveau processus de recrutement qui ont pu se joindre aux différentes équipes du ministère à l’issue de leur stage. Six ont intégré le contentieux du procureur général, alors que les quatre autres ont plutôt choisi de se joindre à l’une des directions qui se consacrent au conseil juridique et à la législation. Un nouvel avocat s’est joint à la direction-conseil du ministère de la Justice portant sur le droit constitutionnel et autochtone, alors que ses trois collègues se sont tournés vers l’une des directions des affaires juridiques des ministères du gouvernement, l’un à la Sécurité publique, les deux autres à l’Éducation.

 

Aux yeux du ministre, cette répartition des nouveaux membres de l’équipe parmi les différentes branches du ministère témoigne de la variété d’options de carrière qu’offre l’organisme et de la possibilité, pour ceux et celles qui choisissent d’y faire leurs débuts professionnels, de se diriger vers une pratique adaptée à leurs intérêts.

 

Le ministère souhaite poursuivre sur sa lancée et désire continuer de s’impliquer activement dans le processus de recrutement de la Course aux stages. C’est pourquoi, lors de la prochaine Course, six postes seront offerts pour un stage en 2027.

 

L’aperçu d’un stage au ministère de la Justice

 

Le ministère de la Justice regroupe une équipe d’environ 500 avocates, avocats et notaires répartis dans un réseau décentralisé dont les bureaux sont situés à Montréal et à Québec. Regroupés au sein du sous-ministériat des affaires juridiques, celles et ceux que l’on appelle « les juristes de l’État » se consacrent à trois fonctions principales : la rédaction de dispositions législatives en collaboration avec, notamment, les membres de l’Assemblée nationale (1), le volet-conseil pour l’ensemble des ministères du gouvernement via les directions des affaires juridiques de ces ministères (2) et la représentation du gouvernement devant les tribunaux administratifs et judiciaires au sein du contentieux du procureur général du Québec (3). Les stagiaires ont donc l’opportunité de se joindre à l’une des directions du sous-ministériat des affaires juridiques pour y réaliser leur expérience de stage, lors de laquelle il leur sera possible d’exercer dans l’une ou l’autre de ces trois fonctions.

 

Pour le ministre, un stage auprès du ministère de la Justice est synonyme de défis et de polyvalence. En plus d’affirmer que les stagiaires sont rapidement susceptibles de recevoir des responsabilités importantes, il est catégorique à l’effet que tous et toutes pourront y trouver chaussure à leur pied et pourront toucher à des domaines de droit issus de leurs champs d’intérêts : « Il n’y a pas un cabinet au Québec qui fait plus de litige que celui du procureur général du Québec. […] On est impliqué dans plusieurs gros dossiers qui touchent à la fois au criminel, au civil, au familial, etc. Pensez en fait à toutes les matières qu’il existe : le contentieux du procureur général est mêlé dans pratiquement tout. » Il s’agit, selon lui, de l’opportunité rêvée pour toute personne qui aspire à une pratique stimulante et variée, tout en conservant un équilibre de vie sain.

 

Le contentieux du procureur général n’est pas la seule branche du ministère dans laquelle une variété intéressante de dossiers est accessible aux stagiaires. Une implication dans la direction des affaires juridiques d’un ministère donné apporte elle aussi son lot de diversité : « C’est certain qu’un tel stage touche davantage aux enjeux précis de ce ministère, mais ceux-ci sont nombreux et variés. Prenez par exemple le ministère de la Sécurité publique : il touche autant les policiers que les agences de services correctionnels, que la sécurité civile, que les feux de forêt, que les inondations, que les tornades, etc. » Il n’y a donc, selon lui, pas moyen de s’ennuyer lors de son stage.

 

Le profil recherché

 

Questionné sur les qualités recherchées chez les individus déposant leur candidature pour un stage au ministère, Me Jolin-Barrette énumère quatre principaux atouts : la rigueur, la polyvalence, la capacité de travailler en équipe et la volonté de travailler pour l’intérêt public. Il explique que cette dernière exigence découle de la nature particulière d’un poste au sein de l’État : « Lorsque l’on décide de faire carrière pour l’État québécois, on fait carrière pour le service public, pour nos concitoyens et pour le bien-être général de la société. ». Cette logique s’applique, à son avis, dans tous les domaines de pratique du ministère. Elle entre en considération lors de la défense de lois au service de l’intérêt public, lors de la rédaction de celles-ci de façon à leur permettre de servir adéquatement la population et lorsque des conseils juridiques contribuant à la cohérence juridique du gouvernement et à la légalité de l’action gouvernementale sont offerts.

La possibilité de côtoyer les parlementaires 

 

L’une des facettes les plus stimulantes d’une pratique au ministère de Justice est sans doute la possibilité qu’elle offre de travailler main dans la main avec les membres de l’Assemblée nationale et avec les différents ministères du gouvernement. À titre de ministre de la Justice, Me Jolin-Barrette est appelé à travailler chaque semaine avec différents membres de l’équipe juridique de son ministère.

 

Les juristes en charge de la rédaction des projets de lois interagissent quotidiennement avec les parlementaires. En plus de faire l’objet de consultations fréquentes en amont du processus de création d’un projet de loi, il leur est couramment offert d’intervenir lors de l’étude en commission parlementaire des projets de lois découlant de leur travail. Ce faisant, il leur est alors possible de conseiller le Parlement sur la portée et le sens des articles projetés. Ces praticiens et praticiennes peuvent également prendre part aux séances du comité de législation en charge de l’approbation des projets de lois, lors desquelles il leur est demandé d’informer le comité sur divers éléments qui se rattachent au projet de loi sous étude, dont les risques constitutionnels ou les éléments de cohérence du corpus législatif.

 

Quant à ceux et celles qui offrent le conseil juridique dans les directions des affaires juridiques des différents ministères, la possibilité de travailler en collaborations avec le ou la ministre responsable ainsi qu’avec ses sous-ministres est bien réelle. Le rôle principal de ces juristes étant de conseiller adéquatement les membres du ministère visé sur le plan légal, il va sans dire que l’occasion leur sera offerte de côtoyer ses membres les plus influents. Il leur est également possible de travailler en collaboration directe avec le ministre de la Justice dans le cadre de dossiers associés à la compétence du ministère faisant l’objet de leur spécialisation.

 

Finalement, l’équipe du contentieux du procureur général peut elle aussi être appelée à conseiller le ministre de la Justice quant à la nature, à la stratégie à adopter et aux actions à poser dans le cadre de dossiers litigieux sensibles qui nécessitent l’intervention ou la supervision directe de ce dernier.

 

Quoi qu’il en soit, Me Jolin-Barrette considère que toute personne faisant partie des équipes juridiques du ministère de la Justice aura un impact, de près ou de loin, sur les orientations du gouvernement. Cette situation découle des responsabilités particulières de l’organisme : « Le rôle du ministère de la Justice est d’être le jurisconsulte de l’ensemble du gouvernement, lequel rôle consiste notamment à donner des avis juridiques, à conseiller les 30 ministres du gouvernement et à conseiller le premier ministre juridiquement. Cela permet donc d’avoir un impact sur la législation, mais aussi sur les décisions gouvernementales qui sont prises, dont les décrets du gouvernement. »

 

La pertinence des nouveaux programmes de Droit et politique appliqués de l'État (DPAE)

 

Bien qu’ils ne constituent pas une exigence requise par le ministère dans le cadre du recrutement de ses stagiaires, le ministre a tenu à souligner l’excellence et la grande utilité des nouveaux programmes de Droit et politique appliqués de l’État, récemment mis en place à la Faculté. Ceux-ci constituent, à son avis, un impératif dans la formation de tout juriste de l’État : « Quiconque veut travailler pour l’État aurait intérêt à prendre part à ces programmes. Ceux-ci sont extrêmement utiles. »

 

Selon lui, ces programmes constituent des outils d’apprentissage précieux permettant d’améliorer la compréhension du processus législatif et de l’environnement dans lequel les juristes de l’État évoluent quotidiennement. Il est d’avis que l’utilité de ces programmes est décuplée par le fait que des sous-ministres, qui constituent une partie non négligeable de la clientèle des juristes de l’État, ont notamment l’opportunité d’y enseigner à l’occasion.

 

Un dernier conseil pour les étudiants et étudiantes de la Faculté

 

En tant qu’ancien étudiant de la Faculté, Me Jolin-Barrette est particulièrement bien placé pour comprendre la situation de ceux et celles qui suivent aujourd’hui ses traces et qui s’apprêtent à entrer sur le marché du travail.

Invité à donner un conseil à la partie de son lectorat qui se retrouve aujourd’hui dans cette situation, il s’est montré rassurant et enthousiaste, invitant ces personnes à profiter de leur situation pour expérimenter diverses formes de droit et à ne pas hésiter à changer de milieu lorsque le besoin se fait ressentir : « Le droit est tellement vaste. Il est possible de prendre un stage dans un domaine convoité et de réaliser que celui-ci ne correspond pas à nos attentes. Il ne faut donc pas hésiter à explorer : c’est correct de changer d’idée en cours de route. […] Le fait d’avoir différentes expériences pourra de toute façon être utile pour le reste d’une carrière. »

 

Celui-ci a finalement conclu en suggérant à toute personne étudiante ayant un intérêt pour le droit public et la pratique étatique de prendre le temps, lors de la prochaine Course aux stages, de venir rencontrer l’équipe de recrutement du ministère de la Justice afin d’en apprendre davantage sur ce beau milieu de travail.

 

C’est donc sur ces sages paroles que s’est conclu notre entretien avec Me Jolin-Barrette. Toute l’équipe de L’Obiter tient à le remercier chaleureusement pour la considération qu’il a portée au journal ainsi qu’aux étudiants et étudiantes de la Faculté de droit, en acceptant de nous accorder une entrevue.

 

L’équipe de recrutement du ministère de la Justice est d’ailleurs impatiente de rencontrer sa future cohorte de stagiaires et se fera un plaisir d’apprendre à connaître de nouveaux visages à l’occasion de la prochaine Course aux stages.

 

Celle-ci se déplacera d’ailleurs prochainement à la Faculté, alors que Me Mathieu Trépanier, avocat et coordonnateur de la Course aux stages pour le ministère de la Justice du Québec, participera, le 13 janvier prochain, à un atelier en collaboration avec Me Sean Doyle, avocat au ministère de la Justice du Canada et chargé de cours à la Faculté de droit. Il y sera notamment question des programmes de stage et des opportunités d’emplois offertes au sein des deux ministères.

 

La fonction publique vous intéresse ? Profitez de cette opportunité pour venir discuter avec des praticiens du milieu en vous inscrivant gratuitement à l’événement :https://platon2.fdrt.usherbrooke.ca/cdpactivites/inscription.aspx.

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